Burnout. En est-on si loin?

Psy.be | 10.02.2014


burnout hommeBeaucoup d’informations concernent le burnout. Effet de mode ? Tout le monde a, dans son entourage proche ou éloigné, quelqu’un ayant ou ayant eu un burnout. C’est devenu commun, familier. Cet article a pour but de passer en revue ce qu’est précisément un burnout, quelles en sont les causes et les symptômes. Mais au-delà de ça, pourquoi y en a-t’il toujours autant, alors qu’on en parle, que c’est devenu si « familier ». Pourquoi, étant au courant de cette réalité, de la possibilité d’un épuisement lié au travail, il y a toujours autant de cas de burnout ?

« Le burnout est défini comme un état d’esprit négatif persistant lié au travail, chez des individus “normaux”, caractérisé par de l’épuisement, un sentiment d’inefficacité, une démotivation et des comportements dysfonctionnels au travail. »

La définition utilisée par Hansez et ses collaborateurs (2009 – 2010) ajoute également que « cet état d’esprit n’est souvent pas remarqué par le travailleur pendant un long moment. Il résulte d’une différence entre les intentions et la réalité du travail. Souvent, les travailleurs entretiennent cet état d’esprit par des stratégies d’adaptations qui sont inefficaces. » Cela donne déjà une piste d’explication du burnout.
Quels autres éléments peuvent mener au burnout?

Les contraintes de l’environnement de travail y jouent un rôle important. Ces contraintes englobent le sens, l’utilité et/ou la notion de justice – relatifs au travail demandé ; la charge de travail souvent titanesque (serti d’un manque de reconnaissance, voir mépris et/ou déni de ce qui a été réalisé) ; le bouleversement des tâches initialement demandées ; l’instabilité des demandes de sa hiérarchie et de sa place au sein de l’entreprise, de son rôle. Et cette énumération n’est pas exhaustive. Il y a également un fort impact du support social donné et perçu pour le travailleur, le sentiment de contrôle sur le travail effectué, l’autonomie et la liberté d’action dans son travail. Les caractéristiques personnelles du travailleur peuvent également avoir un impact sur la prévalence du burnout. Comme par exemple le fait d’avoir des stratégies d’adaptation évitantes ou passives face à des situations de stress (et non combatives ou actives), ou encore avoir une faible estime de soi, être anxieux ou en dépression.
Quelles sont les manifestations du burnout?

Les conséquences et symptômes (il est parfois difficile de les distinguer !) peuvent être multiples. Ils peuvent être physiques, cognitifs et affectifs ou encore comportementaux. Pour en énumérer quelques-uns, on retrouve : fatigue physique, trouble du sommeil ; baisse du sentiment de contrôle, de compétence et de la motivation ; changement d’attitude envers autrui, tendance à s’isoler, baisse de performance, … Nous connaissons donc les principaux symptômes du burnout. Y prenons-nous garde pour autant ? Pas forcément, et surtout s’il s’agit de soi ! Paradoxalement, beaucoup de personnes, pourtant très douées lorsqu’il s’agit des autres, ont tendance à ne pas prendre au sérieux les signaux de leur propre corps, de leur bien-être ou mal-être intérieur, de leur mental. Certaines personnes ne tiennent pas assez compte d’elles-mêmes, de leur importance, de leur valeur. Et donc de ce que leur corps et leurs ressentis leur envoient comme messages. Il faudrait donc atteindre le stade d’épuisement physique et mental pour commencer à penser à un éventuel burnout ? Alors que d’autres signaux, certes plus discrets mais bien là, sont déjà présents bien avant… Un autre facteur peut jouer un rôle dans cette difficulté de reconnaissance du burnout : nous le disions au début de cet article : on parle beaucoup du burnout mais paradoxalement, la reconnaissance d’une telle souffrance reste difficile. Nous constatons en effet l’absence d’une définition officiellement reconnue du burnout et de normes de critères diagnostiques. Difficile de se sentir pleinement compris et reconnu dans sa réalité dans cet état de choses.

Tout d’abord, il est important de se reconnaitre dans sa souffrance, et si possible d’être reconnu par son entourage personnel et professionnel. Ensuite, certaines actions doivent être mises en œuvre. D’une part, il est important de se pencher sur l’organisation de son travail, et d’identifier ce qui coince, le(s) problème(s), pour pouvoir y apporter des aménagements concrets. D’autre part, il devient primordial de se centrer sur soi. C’est-à-dire : prendre conscience de ses ressentis, de ses limites, de ses ressources, de ses besoins, … Lorsqu’une personne est proche du burnout, elle a souvent tendance à être totalement tournée vers son travail, à ne valoriser et mettre au centre de ses préoccupations (voire de sa vie) plus que ça ! Et donc de s’oublier. D’oublier qu’elle existe, qu’elle a droit à du temps pour elle, qu’il est nécessaire de prendre soin d’elle. Un retour à soi est donc primordial. Il est également important d’identifier les comportements d’adaptation mis en place, et de remplacer ceux qui sont négatifs pour la personne par d’autres, plus bénéfiques et ressourçants. Un travail thérapeutique avec un psychologue est très souvent nécessaire (voire primordial) : il servira à aider la personne, à l’épauler dans son travail de reconnaissance de ce qu’elle vit, dans l’identification du burnout et de ses causes, dans la recherche concrète de solutions et finalement… de reconstruction de soi !

 

Source : Hansez, I., Mairiaux, P., Firket, P. & Braeckman, L. (2009-2010). Recherche sur le burnout au sein de la population active belge. Service public fédéral – Emploi, Travail et Concertation sociale.