Faire Régime? Ou comment s’enfermer dans une spirale infernale.
Psy.be | 28.07.2014
Au commencement, il y a le régime. On se sent mal dans son corps, dans sa peau. On voudrait ressembler à quelqu’un qui fait envie, quelqu’un qu’on regarde et qu’on valorise. La solution nous parait donc évidente : « si je perds du poids, je me sentirai mieux ; si je maigris, je serai heureux-se et beau/belle, désirable ». On commence donc à vouloir perdre du poids, gommer ses rondeurs ; en bref : ressembler au mannequin des magazines ou encore être mince pour les femmes, musclé pour les hommes. On entame donc un régime car cela nous semble être la meilleure solution pour atteindre cet objectif poids (ou cet objectif bonheur).
On commence donc un régime alimentaire, plein de bonne volonté. On pèse ses aliments, on les sélectionne, on les analyse. Et on mange moins. On s’interdit aussi certains aliments : fini les « crasses », le chocolat et les chips, les pâtes et le pain. Selon le type de régime, on mangera plus de tel ou tel type d’aliment, en telle ou telle quantité. On finit par s’alimenter de façon automatique, essayant de se rassasier d’un bout de salade et de radis. Au début, on est convaincu. On fait des efforts et le résultat commence à se faire voir : on perd du poids. Et ça, c’est motivant ! On se sent fier de soi, et ça aide à continuer. Ça aide, parce que ce n’est pas si facile, de quantifier son alimentation et de ne pas pouvoir manger comme tout le monde, de ne pas pouvoir boire un petit verre en soirée, ni aller manger chez des amis où on vous sert apéro – entrée – plat – fromage –dessert.
En outre, la nourriture que vous devez avaler devient tellement quantifiée et contrôlée que des pensées alimentaires surgissent à tout moment. Votre tête devient une vraie base de données alimentaire. Puis-je manger ceci ? Et ce petit bout là ? Sans oublier les check-up corporels réguliers : les moments où vous montez sur la balance pour observer si changement il y a.
Le contrôle alimentaire et corporel est partout. Mais le poids diminue, et tout serait pour le mieux, si ce n’était cette petite frustration qui commence à s’installer et grandir.
Mais que se passe-t-il ensuite ? A force de restrictions, de frustrations et de violence faite sur votre corps, vos envies et vos besoins, on commence à faiblir. Certains peuvent tenir longtemps, mais un moment arrive où le mental flanche. On met souvent cela sur le compte d’un manque de volonté. On finit donc par craquer, par se jeter sur la tablette de chocolat tant fantasmée et convoitée. Suite à ce premier pas de laisser aller, on se sent nul, incapable. On vit cela comme un échec, et ça fait mal.
Une fois qu’on a « échoué », c’est-à-dire succombé au plaisir de manger un aliment interdit, la limite drastique qui avait si bien tenu tombe. Et au lieu de goûter un morceau de chocolat, ce sont plusieurs tablettes qui peuvent y passer. C’est le résultat de semaines ou de mois de frustrations, combinées à la culpabilité de ne pas avoir réussi à résister.
Mais comment réagit le corps à ces changements alimentaires ? D’une part, le fait de manger beaucoup trop et sans limite vous fait reprendre du poids ; par exemple lorsqu’on se dit « j’ai quand même craqué, donc un morceau de plus ne changera rien, au point où j’en suis ». Ce comportement est particulièrement destructeur pour l’estime de soi. D’autre part, le corps réagit aussi à sa façon : il adopte une stratégie défensive. Après avoir été privé de tous les nutriments nécessaires à son bon fonctionnement, il anticipe et fait des réserves : il stocke un peu plus que d’habitude, pour le cas où la diète recommencerait.
Et vous voilà avec plus de poids qu’au début de votre régime, plein de déception et l’estime de soi plus bas que terre. Et avec cette grande culpabilité que le régime a générée.
Pire que cela, le problème peut aller croissant. C’est-à-dire qu’au plus on veut re-perdre du poids, au plus on se frustre, et au plus on se frustre au plus on « craque » (plus rapidement que la première fois) et on culpabilise (encore plus), et donc on se trouve nul et on veut perdre du poids pour « se sentir mieux ». Et vous voici de retour au point de départ, mais avec une estime de soi affaiblie, meurtrie. Une vraie spirale infernale.
Quelle conclusion en tirer ? Les régimes sont destructeurs. Et ils échouent dans 90% des cas à long terme. En entamant un régime, vous avez donc plus de chance de prendre plus de poids que d’en perdre. Ce qui est complètement absurde ! Ils peuvent également mener à des troubles du comportement alimentaire, comme de l’Anorexie, de la Boulimie ou de l’Hyperphagie.
Que faire pour réellement perdre du poids ? Si la perte de poids est importante pour vous, et vous uniquement, c’est-à-dire pour votre bien-être physique et personnel ou encore votre santé, d’autres solutions existent.
Il est par exemple important de manger en suivant un équilibre alimentaire sain, sans s’imposer d’interditmais en établissant quelques limites. Et comment établir ces limites ? En fonction de vos sensations de faim et satiété par exemple. Et en respectant vos goûts et vos envies alimentaires également. Rien ne sert de manger un bout de chocolat ce jour-ci parce que vous y avez droit, que c’est écrit sur votre planning. Mangez-en plutôt par plaisir, quand l’envie vous prend, et surtout en le dégustant. L’idée est donc de trouver un équilibre entre votre faim et votre satiété, une alimentation saine, votre plaisir gustatif, le tout en se respectant – sans frustration ni culpabilité.
Une méthode plus douce peut ainsi vous aider à atteindre une perte de poids effective, certes plus lentement qu’un régime classique, mais avec des résultats à long terme, tout en respect et en plaisir.